Monday, November 29, 2004

Pétitionite aigüe

Un ami vient de me transmettre un de ces courriels-circulaires contenant la réponse que le Ministre brésilien de l'éducation, M.Cristovam Buarque, aurait donnée à la question d'un étudiant américain. Le texte de sa réponse est reproduit aux sites suivants: en français: http://ecolesdifferentes.free.fr/AMAZONIE.htm, et en anglais: http://www.diaplous.org/amazo.htm.


C'est évidemment une très belle réponse, et je ne peux que partager complètement les idées de M. Buarque. Mais ce qui m'agace, c'est que le courriel-circulaire de mon ami contient la directive: «A faire suivre... Car la presse nord-américaine a refusé de publier ce texte». En fait, quelques minutes de recherche sur Google m'ont permis de constater que le texte a été publié d'abord au Brésil (en 2000!!!), et ensuite partout dans le monde et sur l'Internet. Il n'y a donc pas de conspiration du silence de la part des médias nord-américaines. Et c'est là que le bât blesse. L'Internet est un outil sensationnel pour ouvrir les esprits en partageant l'information à l'échelle universelle. Mais c'est aussi une sorte de téléphone arabe mondial servant à propager instantanément et facilement les pires ragots, mensonges ou canulars.


Combien de pétitions n'ai-je donc reçues de personnes bien intentionnées: contre la lapidation d'Amina Lawall, pour le droit de conduire des femmes d'Arabie Saudite, contre le supplice des ours en Chine, etc... Chaque fois, je me sens obligée d'expliquer aux personnes qui me les ont transmises, 1) qu'il s'agit d'un canular et qu'elles devraient vérifier l'authenticité de la pétition avant de spammer les gens, ou 2) que jamais, jamais, au grand jamais, une pétition électronique n'a apporté un changement quelconque, la raison la plus évidente étant l'impossibilité de vérifier l'authenticité des signatures recueillies. Vous voulez protester? Organisez un mouvement, descendez dans la rue, faites signer votre pétition en allant de porte à porte, faites la grève, parlez à votre représentant syndical, municipal, provincial, etc..


Mais simplement ouvrir son carnet d'adresses électroniques et cliquer sur forward sans trop y réfléchir, c'est comme essayer d'attraper un poisson dans chaque main, comme on dit en vietnamien*: on veut avoir bonne conscience, mais sans frais et sans effort. Un peu comme ces moulins à prière numériques qu'on trouve sur divers sites bouddhiques, inoffensifs et complètement inutiles. [Aie! Je sens que je vais me faire massacrer pour cette dernière remarque! Let the flaming begin!]


* En français, on dit: vouloir le beurre et l'argent du beurre. En anglais, c'est: have your cake and eat it too.

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