Sakyadhita est une association internationale de femmes bouddhistes, d'origine étatsunisienne, [http://www.sakyadhita.org/index.html] qui oeuvre à propager l'enseignement du Bouddha dans la perspective féminine et à aider les femmes à réaliser leur potentiel et leur vocation au sein des trois refuges.
En 1998, je suis allée à Phnom Penh, au Camdbodge, pour participer à la cinquième conférence internationale de Sakyadhita sur les femmes bouddhistes. Cette année, la neuvième conférence se tiendra à Kuala Lumpur en Malaisie, du 17 au 21 juin. Le programme de la conférence peut être consulté ici: http://www.sakyadhita.org/9th/schedule.html
De nombreux sites ont également pour sujet le bouddhisme au féminin. En voici quelques exemples:
http://bouddhismeaufeminin.free.fr/
http://www.buddhaline.net/article.php3?id_article=166; http://eglasie.mepasie.org/1993/juillet/thailande/158/doc11_1/
Permettez-moi de reprendre maintenant le texte d'un dossier de l'UBE - Université bouddhique européenne [http://www.bouddhisme-universite.org/universite.html]
Des femmes témoignent de leur Eveil - stances extraites du "Therigatha"
Le Therîgâthâ est un recueil du canon bouddhiste ancien qui regroupe des « chants » plus ou moins développés (de 2 à 75 stances ou gatha), dans lesquels des femmes, disciples directes du Bouddha, témoignent de leur expérience de la voie spirituelle et de l’Eveil. Il n’en existe aujourd’hui qu’une seule traduction complète en français, réalisée par Danièle Masset et publiée en 2005 par la Pali Text Society, dont nous vous proposons quelques extraits.
L’intérêt de ces textes est multiple… du fait de leur qualité littéraire et poétique, du témoignage spirituel ainsi transmis, comme aussi de leur valeur sociologique ! On y découvre notamment que la place de la femme, dans le bouddhisme ancien, était bien supérieure à celle qu’elle a connue par la suite ou qu’elle connaissait dans la société indienne brahmanique de l’époque : devenir une disciple du Bouddha se révèle être une occasion de Libération à plusieurs titres !
Chacun de ces chants se réfère à une « therî », une « Ancienne » ou une « Vénérable », qui témoigne à travers un chant, un récit, une anecdote ou un dialogue. On y évoque souvent sa condition avant son engagement comme disciple du Bouddha et, surtout, les circonstances dans lesquelles elle est parvenue à l’expérience de l’Eveil. Dans un style souvent simple et direct, très imagé, parfois apesanti de quelques formules consacrées, ces chants révèlent autant les difficultés de la condition féminine en Inde ancienne que celles de la pratique de la Voie du Bouddha… Mais tous témoignent aussi, au final, de l’apaisement suprême que représente la Libération !
Sâmâ [stances 39-41]
Voilà vingt-cinq années que j’ai renoncé au monde... Et je suis bien consciente de n’avoir jamais obtenu la paix de l’esprit…Sans avoir obtenu la paix de l’esprit, sans exercer le contrôle de mes pensées, soudain, en me remémorant l’enseignement du Vainqueur, je connus le grand bouleversement : j’ai vu la multiplicité des expériences pénibles et j’ai trouvé ma joie dans la pratique de la vigilance ; je suis parvenue à détruire la soif, ainsi ai-je mis en pratique l’enseignement du Bouddha. Voilà maintenant sept nuits que la soif, pour moi, est épuisée !
Vimalâ [stances 72-76]
J’étais jadis toute imbue de mon teint, mon apparence, ma grâce et ma renommée. Confiante en ma jeunesse, je méprisais les autres femmes. Je parais ce corps que voici, brillant objet de sots discours, et me tenais à la porte des lieux de plaisir, comme un chasseur qui tend ses filets. Faisant valoir mes charmes, exhibant maintes parties secrètes, je créais un jeu d’illusions des plus variés et, par mon rire, en aguichais plus d’un! La même femme, aujourd’hui, vient d’aller mendier sa pitance, tête rasée, portant l’habit. Elle vit au pied d’un arbre et elle est parvenue à la cessation du raisonnement. Voici rompus tous les liens, divins aussi bien qu’humains, et supprimées toutes les influences : tempérée, je suis parvenue à l’extinction.
Sîhâ [stances 77-81]
J’étais jadis incapable de penser correctement, tourmentée par l’obsession du désir. J’étais exaltée, impuissante à contrôler mon esprit. En proie aux passions, je poursuivais l’idée que je me faisais du bonheur, sans connaître en rien la paix de l’esprit, et sous l’emprise des pensées obsessionnelles. Emaciée, blême, exsangue, j’errai sept années durant, et ne trouvai le bonheur ni de jour ni de nuit, malheureuse que j’étais ! Alors je pris une corde et me rendis au cœur de la forêt : « Mieux vaut me pendre en ce lieu que de continuer à mener une vie misérable !» J’ai fait un nœud solide que j’ai suspendu à une branche d’arbre. J’ai passé le nœud à mon cou et, là, mon esprit s’est trouvé libéré !
Mittakâlî [stances 92-96]
J’avais renoncé au monde pleine de confiance, quittant le foyer pour la vie « sans foyer ». Mais j’errais çà et là, avide de profits et de marques de respect ; je négligeais le but suprême et me fixais un but médiocre. Tombée sous le pouvoir des passions, je m’étais éloignée de l’idéal du renoncement. Un jour que j’étais assise en ma retraite, ce fut un bouleversement intérieur : «J’ai pris la mauvaise direction, je suis tombée sous le pouvoir de la soif. La vie m’est comptée. La vieillesse et la mort exercent leurs ravages. D’ici que mon corps ne soit détruit, je n’ai pas de temps à perdre !» Observant, tel qu’il est, le processus de croissance et de déclin des agrégats,Je me suis levée, l’esprit parfaitement libéré. Ainsi ai-je mis en pratique l’enseignement du Bouddha !
Patâcârâ [stances 112-116]
En retournant les champs avec leurs charrues et en mettant des graines en terre, les jeunes brahmanes ayant à charge femmes et enfants se procurent la richesse. Pourquoi ne parviendrais-je pas à l’extinction, moi qui respecte la discipline vertueuse et m’applique à l’enseignement du maître sans ménager ma peine ni me monter la tête ? Quand je me lave les pieds, je suis attentive au mouvement de l’eau : je vois que l’eau qui a servi à mes ablutions coule de haut en bas. Ainsi mets-je en place mon esprit, comme on tient bien en main un cheval de bonne race. Puis, une lampe à la main, je suis entrée dans le monastère. J’ai repéré l’endroit où me coucher et me suis installée sur le lit. Ensuite, j’ai pris une aiguille et j’ai mouché la mèche. Telle l’extinction de cette lampe fut la libération de mon esprit !
Vasitthî [stances 133-138]
Accablée de chagrin à cause de mon fils, l’esprit égaré, ayant perdu le sens, nue, échevelée, j’errais çà et là. Parmi les tas d’ordures des ruelles, parmi les champs de crémation et sur les grands chemins, j’allais ainsi trois ans durant, tenaillée par la soif et la faim. Puis je vis le Bien-Allé qui s’était rendu dans la cité de Mitthilâ, lui qui dompte les indomptés, lui le parfait Bouddha qui n’a aucun sujet de crainte. Retrouvant mes esprits, je lui rendis hommage et m’assis, et Gotama, compatissant, m’enseigna le Dhamma. Après l’avoir entendu prêcher, je renonçai au monde pour devenir « sans foyer ». Je m’attelai à la parole du maître et je fis l’expérience du paisible séjour [le nibbâna]. Tous les chagrins sont éradiqués, répudiés, abolis…J’ai parfaitement compris les processus à l’origine de tout chagrin !
Sujâtâ [stances 145-150]
J’avais mis des parures, de beaux habits, des guirlandes de fleurs et du parfum de santal. Couverte de tous mes bijoux, escortée d’une multitude de servantes, j’étais sortie de ma demeure avec des victuailles et des boissons : une abondance de mets, croquants et fondants, que je fis porter dans les jardins. Là-bas, je me divertis et pris du bon temps. Après quoi je vis, sur le chemin du retour, un monastère dans lequel j’entrai – c’était, à Sâketa, dans le bois d’Añjana. J’y vis la Lumière du monde. Je m’assis après avoir rendu hommage et le Clairvoyant, compatissant, m’enseigna le Dhamma. En écoutant le grand sage, je touchai au cœur de la vérité. A l’instant même, j’atteignis l’état immaculé, le séjour immortel. Alors, ayant parfaitement compris le vrai Dhamma, je renonçai au monde pour devenir « sans foyer ». La triple connaissance est acquise. L’enseignement du Bouddha n’a pas été vain !
Mahâpajâpatî Gotamî [stances 157-162]
Hommage à toi, ô Bouddha, toi le héros, le meilleur de tous les êtres, toi qui m’as délivrée de la souffrance et qui en délivras tant d’autres encore ! J’ai fait le tour de toutes les souffrances et voici épuisée la soif qui en était la cause. J’ai parcouru l’octuple voie des Nobles et j’ai atteint la cessation. J’ai jadis été mère, fils, père, frère et grand-mère... Ignorant la vraie nature des choses, j’errais dans le cycle des existences sans trouver de refuge. Mais j’ai vu de mes yeux le Bienheureux et ceci est mon dernier corps. C’en est fini du cycle des naissances : il n’est plus désormais d’existence nouvelle! Regarde les disciples qui, d’un même élan, pleins d’énergie et de détermination, s’adonnent sans relâche à l’effort : c’est là l’hommage qu’ils rendent aux Bouddha. Ils sont nombreux, certes, ceux dont Mâyâ fit le salut en donnant naissance à Gotama. Elle a délesté de leur fardeau de souffrances les êtres accablés par la maladie et la mort.
Le texte intégral se trouve ici: http://www.bouddhisme-universite.org/actualites/micro-hebdo.htm
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