"Nous nous agenouillons devant le pouvoir. Sauvez nos enfants!"
Article de Pierre Haski de Rue 89
http://tinyurl.com/3xzrl5
"Alors que l'affaire de ces jeunes Chinois réduits en esclavage dans des briqueteries du centre de la Chine n'en finit pas de faire des vagues, les 400 pères d'enfants disparus, dont la déclaration publique a été à l'origine de la découverte du scandale, ont publié cette semaine un deuxième appel à l'opinion et au gouvernement.
Lisez ce texte (diffusé sur l'Internet, mais qui a été edulcoré dans les médias chinois), dont la traduction a été assurée par un internaute de Rue89. Ce document publié ici intégralement en dit plus long que tout sur la vie quotidienne d'une partie du peuple en Chine, sur l'attitude des autorités locales et de la police, complices de ces formes extrêmes d'exploitation.
Et, comme je tentais de l'expliquer dans mon précédent post sur le sujet, sur la difficulté pour le gouvernement central de faire respecter son autorité ou tout simplement la loi, lorsque les autorités locales ne pensent qu'à mettre la population en coupe réglée et à s'associer aux secteurs les plus mafieux de la société.
"Nous sommes les malheureux pères, nos enfants sont kidnappés et sont forcés de travailler dans des briqueteries clandestines. Le 5 juin, nous avions publié un texte titré "Qui va sauver nos enfants - le cri de 400 pères". Nous espérions faire parvenir ce message jusqu'au pouvoir central par le biais de l'Internet, pour attirer l'attention des dirigeants.
"Cette lettre a été diffusée par plusieurs sites, nous avons eu des soutiens moraux de la part des personnes de bon coeur de tous les milieux. Les principaux médias ont aussi rapporté et dévoilé cette affaire. Et même le sommet du Parti y a attaché beaucoup d'importance. Le secretaire général du parti, le Président Hu Jintao, et le premier ministre, Wen Jiabao, ont aussi donné des instructions importantes. Le vice-président du Syndicat national, Zhang Mingqi, a dirigé une équipe pour superviser le travail de sauvetage.
"La province du Shanxi a enfin clarifié son attitude, chaque niveau de la hiérarchie gouvernementale a pris la décision d'interdire les briqueteries clandestines, et de sauver les travailleurs piégés. La police de la province du Henan a concu un plan de sauvetage trans-provincial en même temps que l'arrestation des trafiquants d'êtres humains.
"Grâce aux instructions des dirigeants, et à la surveillance du public, le sauvetage s'est bien déroulé et a progressé pendant deux semaines: 370 travailleurs ont été sauvés. L'inspecteur qui participait à la vente d'enfants a été puni sévèrement: il a été exclu de son poste et a subi une baisse de salaire de deux niveaux. Le secrétaire du Parti du village Caosheng, dont le fils tenait une briquetterie, a été aussi suspendu de la fonction et exclu du parti communiste."Cette affaire s'est achevée sur un plein succès. Nos responsables proclament que le travail de sauvetage se poursuit, et qu'ils ne laisseront tomber aucun travailleur piégé. Malgré tout, nous ne pouvons pas nous sentir soulagés. Quand nous voyons des discussions vagues dans certains médias, nous nous sentons encore plus tristes et désespérés. Dans ce pays de l'"harmonie", nous ne sentons pas le respect de la vie et des droits de l'homme.
"Le 11 juin, quand tous les médias explosaient sur ce sujet, nous, 800 parents d'enfant disparus, cherchions encore dans la ville de Yuncheng. Des patron de briqueteries nous ont menacés: "Ne rentrez pas chez nous, sinon nous vous tuons." Nous nous sommes adressés à la police locale. Un policier (immatriculé 092703) nous a accompagnés pour poursuivre la recherche.
"Mais, par hasard, nous avons rencontré sur la route Yue Xishan, le propriétaire d'une briqueterie. Il conduisait une voiture immatriculée JINOM1061. Il s'est adressé au policier sur le ton du reproche: "Pourquoi laisses-tu ces gens-là dans ta voiture? Fais les descendre tout de suite." Sous la menace de Yue, le policier nous a expulsés de sa voiture.
"Le matin du 12 juin, nous avons sauvé difficilement 23 enfants par nous même. Quand nous les avons conduits à la police pour avoir le permis de les ramener avec nous, les policiers nous l'ont refusé tout net. Ils ne voulaient même pas nous donner les coordonnées des autres parents. Ils nous ont juste donné un engagement oral - "nous allons les envoyer chez eux". Mais, nous ne savons pas où ils vont les envoyer.
"Pendant deux mois de recherche, nous avons accumulé beaucoup de preuves, nous avons vu des milliers de briqueteries, dans la plupart, les travailleurs sont des adolescents. Rien que dans la ville de Yuncheng, il y a 1000 briqueteries. Et dans la province du Shanxi? Combien d'enfants leurs propriétaires ont-ils exploité? On peut faire un calcul. Ils nous ont accusé de répandre des fausses rumeurs pour tromper le public.
"Mais les éléments filmés par les chaines de télévision et les blessures sur le corps des enfants sont des preuves dures comme du fer. Nous voulons demander: qu'est devenu cet enfant esclave de 8 ans qui était dans le reportage de la télévision? Et celui qui pleurait devant la caméra, qui voulait partir avec nous, mais a été stoppé par la police locale nous en disant qu'"il n'est pas votre enfant, il ne peut pas partir"? Où sont ils maintenant? La province du Shanxi peut-elle nous donner une explication?
"Le 4 juin, un enfant, Yuan, incité par un chef d'usine, a téléphoné à son père pour qu'il envoie une rançon de 35000 yuans (3500 euros environ). Ce coup de téléphone est bien une preuve. Avec les moyens dont dispose la police, elle aurait pu l'identifier et le localiser. Il y a encore Kang, Chai, Yang, ces trois enfants sont encore tous au Shanxi.
"Mais pourquoi, alors que l'action de sauvetage va bientôt terminer, ne les a-t-on pas encore trouvés? Quand pourrons-nous revoir nos enfants? Des patrons de briqueteries ont brulé toutes les traces d'esclavage avant l'arrivée de l'inspection centrale. Nous nous inquiétons pour le sort de ces milliers d'enfants, ils pourraient être les témoins d'actes sanglants. Ont-ils été assassinés?"Nous ne sommes que des gens humbles, nous ne voulons pas dénigrer notre pays et notre Parti. A tel point que quand il y a des médias étrangers qui voulaient nous interviewer, nous avons refusé, même si nous avons besoin de parler. Nous ne voulions pas dénigrer notre pays. Sans enfant, nos familles sont brisées. Où est la loi?
"Aux autorités, nous demandons: quand vous camouflez tous ces crimes, c'est pour la stabilité de la société ou pour créer des catastrophes? Vous êtes insensible au sort des enfants? Comment allez vous faire face avec ces âmes innocentes? Comment allez-vous répondre à votre coeur? La découverte des cas d'esclavage à Hongtong n'est qu'une partie de la vérité. Il y a encore des milliers de vies menacées. Nous nous agenouillons devant notre gouvernement, Sauvez nos enfants!"
2 comments:
Article de Pierre Haski de Rue 88
Rue 89, pas 8. Il n'y qu' allaer sur rue89.com
Oh pardon! C'est corrigé. Merci!
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