Friday, January 30, 2009

De la tyrannie des traditions religieuses


Devant le refus du Maître de venir officier pour ma mère sur son lit de mort, la famille décide de se tourner vers le lama tibétain, dont mon frère est le disciple. J’annonce la nouvelle au représentant de la pagode de ma mère qui m’a rappelée le soir même : « Connaissant la grande compassion du Maître et sachant à quel point il est occupé, nous ne voulons surtout pas lui imposer d’autres pressions. C’est pourquoi nous avons invité le lama tibétain à faire les cérémonies de prières pour ma mère et à accueillir l’urne funéraire. » C’est-y pas un trésor de diplomatie et de « fuck you » mielleux?

Ce fut le branlebas de combat. La pagode vietnamienne déclenche l’Opération Séduction et inonde mon frère de coups de téléphone (je suis épargnée, étant du sexe inférieur) : 1) Le Maître était en retraite de méditation et n’était au courant de rien. 2) Une fois mis au parfum, le Maître a réservé une place de choix pour les cendres de ma mère. 3) C’est une place de VIP qui n’est accordée qu’à de rares disciples. 4) La pagode organisera les 7 cérémonies de prières et les repas végétariens connexes, sans frais pour la famille. 5) Durant la récitation des prières pour les défunts, le Maître prononcera le nom de ma mère en premier.



Réunion de famille : tout le monde se tourne vers moi et attend ma décision. Depuis la mort de mon grand-frère il y une dizaine d’années, je suis devenue l’aînée parmi la génération des enfants, et avec la mort de ma mère, je suis maintenant la matriarche de la famille, the Godmother, quoi. Je décide que, pour assurer la paix dans la communauté vietnamienne, que je ne fréquente pas personnellement mais dont ma famille fait partie, et pour éviter d’insulter inutilement le Maître, nous allons nous jeter aux pieds du Geshe-la et lui expliquer la situation, et nous allons accepter l’offre du Maître, mais en assumant tous les frais, avec en plus une donation généreuse à la pagode. Ugh, j’ai dit!



Les jours qui suivent sont une série de cérémonies, de protocoles, de traditions, de gestes précis à prendre, sinon c’est la catastrophe, l’insulte, l’enfer. Il faut se prosterner quatre fois dans certaines circonstances, trois fois dans d’autres, brûler un nombre déterminé de bâtons d’encens, mais ne pas oublier les bougies, acheter cinq types différents de fruits et ne pas être cheap, ne jamais laisser les bougies ou les bâtons d’encens s’éteindre, sauf si c’est la fermeture du salon funéraire et qu’il ne faut pas laisser des bougies allumées en cas d’incendie. Et quand on a apporté les cendres de ma mère à sa pagode, mon frère m’a expliqué qu’il faut que je présente d’abord mes respects aux esprits résidents avant de me prosterner devant l’autel de ma mère, sinon ils vont lui rendre la « vie » dure. Et il faut aussi que je me comporte de façon plus respectueuse envers le Maître (mon insolence était-elle aussi évidente?) parce que c’est lui qui va protéger ma mère contre ces esprits fier-à-bras. J’ai dû mal cacher ma réaction, parce qu’il insiste : « That’s a fact! Do as I say for once, for our mom’s sake! »



Je voudrais bien qu’on m’explique comment, en supposant que la mort physique ne soit pas un anéantissement total et permanent, un esprit peut agir de quelque manière ou subir quoi que soit dans ce monde, alors qu’il est passé dans un autre monde ou une autre dimension. Que je me prosterne trois fois ou quatre fois, que je brûle un bâton d’encens ou deux ou zéro, que les prières soient en vietnamien ou en tibétain, qu’est-ce que ça peut bien faire aux défunts? Il faut faire 7 cérémonies en 7 semaines, parce que l’esprit se réincarne en l’espace de 49 jours? Says who? Qu’on me le prouve! Si mon père est réincarné, comment peut-il encore veiller sur moi et répondre à mes prières? Si mes ancêtres sont réincarnés depuis longtemps, pourquoi est-ce que je dois encore les vénérer sur l’autel familial? Pourquoi célébrer les anniversaires de mort des parents, si leurs esprits ont trouvé nouvelles vies ailleurs? Est-ce qu’ils savent encore qui ils étaient après 10, 50, 100 réincarnations? Pour qui sont les victuailles servies aux dates anniversaires, sinon pour des âmes errantes non réincarnées et pourquoi ne le sont-elles pas et comment ont-elles encore des besoins physiques comme la faim, et dans ce cas, pourquoi ne pas prévoir aussi des toilettes pour les esprits, parce que qui dit consommation, dit élimination, etc…

Je sais bien, toutes ces simagrées, tous ces rituels ont été inventés pour apaiser le chagrin et l’angoisse de ceux qui restent et non pas pour répondre aux besoins de ceux qui sont déjà partis. Et surtout, cela fait marcher le commerce des services spirituels et des fournitures funéraires connexes. Bref, c’est encore une histoire de sous.

Personne n’ose s’élever contre ces bêtises. Moi, je dis : Basta!





P.S. Comme la foudre va me frapper d’un moment à l’autre, je tiens à laisser mes instructions post-mortem : faites moi incinérer, flushez les cendres dans la toilette la plus proche et vivez heureux en omettant toutes ces histoires des 7 cérémonies et des 49 jours. Je me débrouillerai sans votre aide.

P.P.S. Je tiens à présenter mon plus profond respect et ma sincère reconnaissance à Geshe-la qui a été totalement sans ego dans toute cette histoire. Dès qu'il a appris la mort de ma mère, Geshe-la a mis fin à ses vacances pour rentrer à Montréal et répondre aux besoins de ma famille. Une fois informé du changement de plan, il a tout fait pour s'effacer et faciliter nos rapports avec le Maître et permettre l'exécution harmonieuse des cérémonies de prières et d'incinération. Il a organisé de sa propre initiative des cérémonies de prières pour ma mère à sa pagode et a refusé d'accepter le moindre argent. Je me prosterne bien bas devant Geshe-la.

Wednesday, January 28, 2009

Les funérailles de ma mère

Apparemment, mourir est facile. C’est après que ça se complique. Parce que ce simple geste physique doit être suivi, complété et validé par d’innombrables gestes spirituels, religieux et sociaux.

Ma mère était bouddhiste mahayana, de la secte Terre Pure, disciple de Maître MT de l’une des plus prestigieuses pagodes de Montréal. De son vivant, elle était, sinon sa disciple favorite, du moins l’une des plus influentes parmi ses ouailles. Elle et le Maître avaient tout planifié depuis longtemps : dès le constat du décès, je devais appeler immédiatement Maître MT, qui allait s’occuper de tout, tout, tout. D’ailleurs, elle lui a déjà remis sa photo et un certain montant d'argent pour les prières et les repas végétariens, il y a des années de ça.



Ma mère est décédée le jeudi 1er janvier à midi. À 13 heures, j’appelle la pagode.
- Parler au Maître? Impossible, voyons, il est très occupé!
- Qu’il vienne faire des prières pour votre mère à l’hôpital? Il a des cours à donner et ne sera pas libre avant 18 heures.
- L’hôpital veut transférer votre mère à la morgue à 15 heures pour libérer son lit? C’est bien dommage. Nam Mô A Yi Đà Phât.

La famille se met en mode « réunion stratégique » : 1) mon frère, qui est bouddhiste tibétain, va appeler son Geshe pour demander conseils; 2) mon oncle (le demi-frère de ma mère) et ma tante, qui sont bouddhistes zen soto, vont se rendre à la pagode de Maître MT pour demander s’il y aurait un autre bonze qui pourrait venir faire les prières à sa place; 3) et moi qui suis bouddhiste athée darwiniste, j’irai plaider auprès de l’administration de l’hôpital pour que ma mère ne soit pas déplacée avant l’arrivée du bonze.


Résultats : 1) Geshe-la est à New York pour visiter sa famille, mais il va prendre le premier train pour Montréal et revenir officier pour ma mère. Comme il ne pourra pas être là avant ce soir, il donne des instructions à mon frère pour procéder à certains rites afin d’assurer l’intégrité spirituelle du corps durant le transfert à la morgue. 2) Mon oncle et ma tante reviennent bredouilles : il y a bien un autre bonze, mais il ne peut pas quitter la pagode avant 16 heures. Toutefois, mon oncle devra être présent à la pagode à 15h30 et attendre que le bonze soit prêt pour l’amener à l’hôpital. 3) L’hôpital me donne une heure limite finale : 15h30 et pas une seconde de plus, à cause du changement de quart des préposés.



La famille décide de laisser ma mère partir à la morgue et tout le monde se réunit autour du lit pour lui dire adieu. B-Boy pleure sa grand’mère préférée et moi, j’essaye de calmer ma colère contre le bonze.


(À suivre)

Ma mère et sa fille


Ma mère n’a jamais été mon amie : elle préférait mes frères, en bonne Asiatique. Je n’avais pas la docilité qu’elle attendait d’une fille et j’étais une rivale dans l’affection de mon père.


Mais vers ses vieux jours, j’étais devenue son bâton de vieillesse et nos relations ont graduellement permuté : je décidais de tout, elle était complètement dépendante de moi. La dernière année n’a pas été facile. Elle était clouée dans une chaise roulante, plus ou moins aveugle, plus ou moins sourde, percluse d’arthrite et hantée par toutes sortes de visions et de mirages. Ses jours étaient une longue attente, dont la monotonie n’était interrompue que par les trois repas. Mes visites se faisaient de plus en plus courtes : à peine étais-je assise qu’elle me chassait : « Rentre chez toi, je vais dormir un peu ». Elle ne voulait plus sortir, ni faire quoi que ce soit. J’essayais de partager ses angoisses : « As-tu peur de mourir, maman? Veux-tu qu’on en parle? » « Non, pas vraiment, laisse moi dormir ».


Elle s’est éteinte doucement, sereinement, dans son lit d’hôpital. Du moins c’est ce qu’on m’a dit. Alors que j’étais seule à lui rendre visite quand elle était en vie, à faire toutes ses courses, à la sortir toutes les semaines manger vietnamien, à répondre à ses incessants appels téléphoniques jour et nuit (« Où ai-je mis mes lunettes? », « Quel jour sommes nous? ») parce que mon frère n’avait jamais le temps, voilà qu’elle a attendu la seule fois où je m’absentais pour expirer dans les bras de mon frère. Alors que j’avais prévenu la famille et ses amies qu’elle ne passerait sans doute pas l’année 2008, voilà qu’elle a fait exprès de résister juste assez pour partir le 1er janvier 2009 à midi.


Ma mère, si belle, si forte, si têtue… n’existe plus. Où va la conscience après la mort? À quoi ressemble un esprit? Si je pouvais voir l’esprit ou l’âme de ma mère, comment la reconnaîtrais-je? Le soir de sa mort, j’étais rentrée de l’hôpital épuisée. Dans ma tête, je récapitulais tout ce que je devais faire le lendemain. Mon frère, les tantes et les oncles, tout le monde m’avaient prévenu : « Il faut que tu allumes de l’encens pour ta mère ce soir et tous les soirs pendant 49 jours, sans faute. Les esprits se nourrissent d’odeurs, d’arômes, de parfums. Il ne faut pas que ta mère ait faim dans l’au-delà, sinon elle n’aura pas une bonne réincarnation. » Mais j’étais si fatiguée qu’une fois la maison plus ou moins rangée et les chiennes nourries, câlinées et apaisées, je me dirigeais vers ma chambre à coucher quand soudain, un grand bruit éclata dans la cuisine : une forte voix d’homme et de la musique tonitruante. Les chiennes étaient tendues, en alerte. Je me précipitai dans la cuisine : personne! La musique assourdissante venait de l’évier : une vieille radio, qui ne marchait plus depuis longtemps mais que je gardais comme décoration sur le bord de l’évier parce qu’elle était mignonne, en forme de grenouille verte, s’était allumée toute seule et s’était mise à jouer de la musique au volume maximum. Je sus tout de suite que c’était ma mère qui me rappelait qu’elle n’a pas eu son encens. J’éteins la radio, allume un bâton d’encens, invite ma mère à table (Tiens maman, voilà ton encens. Excuse-moi du retard et merci du rappel). Je crois l’entendre répondre : Pas grave, ma fille, mais que ça ne se reproduise plus!



Ma mère et mes deux garçons, Asperge et B-Boy

Friday, January 23, 2009

Why My Sex Life Is So Disappointing

Via: Miss Cellania

The Obamas' sexual habits

I must admit: I have to reluctantly recognize that Obama is not such a douche after all: his sexual life with his wife is.. uh... interesting. (Via: Cynical-C)





For the innocent minded, this is the definition of fisting:

From Wikipedia, the free encyclopedia (http://en.wikipedia.org/wiki/Fisting)

Fisting is a sexual activity that involves inserting a hand into the vagina or anus. Typically, fisting does not involve forcing the clenched fist into the vagina or anus. Instead, all five fingers are kept straight and held as close together as possible (forming a beak-like shape, casually referred to as a "silent duck"), then slowly inserted into a well-lubricated vagina or anus. Once insertion is complete, the fingers either naturally clench into a fist or remain straight. In more vigorous forms of fisting, such as "punching," a fully clenched fist may be inserted and withdrawn slowly. Fistees who are more experienced may take two fists (double-fisting) in the vagina or anus. In the case of double-fisting, pleasure is derived more from the stretching of the anus or vaginal wall rather than from the thrusting (in-and-out) movement of hands.

Now excuse me while I go and puke.



Update: Oh sorry.. I was told that the woman meant "fist bumping" and not.... Ohhh!



Wednesday, January 21, 2009

Wednesday, January 14, 2009

Electric Boogaloo


Last night, I was in my office at home, sitting in front of my computer monitor. The two dogs were with me as usual, Toast lying at my feet and Butters in her basket behind me.

Suddenly, I heard a wild trashing from her location. I turned around and saw her lying on her back, in a puddle of urine. I rushed to her and saw that she had an electric cord in her mouth: she was gnawing on my laptop cord and was being electrocuted!!! In my panic, I tried to pull apart her jaws but her mouth was clamped shut, she was as rigid as a piece of wood and her eyes were convulsed. Her body was soaked with sweat, I knew she was going to die. Finally, I thought of unplugging the cord. She immediately opened her mouth to drop the cord and produced a long, loud wail of pain.


I took her in my arms and I held her against me for a long long time, stroking her and cooing reassuringly. I was crying as she was huddling against me, yelping softly. I remembered a film where a woman was being tortured by electrocution and I was filled with the same horror. If I weren't there, my baby would have died for sure [shudder!!!].





This morning she seemed to have forgotten all about her ordeal, but I took care to hide all the electrical cords that are hanging out too prominently.

Ma mère




Ma mère est décédée le 1er janvier 2009. Je voulais écrire un long billet sur elle, sur sa vie, sur ses funérailles, mais c'était le bloc total.

Ça viendra.

Monday, January 05, 2009

The Four Yorkshiremen Sketch

Michael Palin (a Yorkshireman in real life), Rowan Atkinson, John Cleese and Terry Jones.

Harry Enfield, Alan Rickman, Eddie Izzard, & Vic Reeves