Monday, March 13, 2006

Vive la Révolution!


Mon ami Bernouille et moi discutons ce matin de l'obligation pour la population de payer les frais d'avocats de Chrétien et Cie pour l'enquête Gomery. Bernouille est révolté à cette idée, alors que je suis plutôt résignée:

- Oeuf corse, Bernouille, le peuple va casquer. Les politichiens ne payent jamais rien de leurs poches!
- Si le peuple accepte ça, c'est qu'il a les dirigeants qu'il mérite.
- Mon pauvre Bernouille, le peuple a perdu le pouvoir depuis longtemps! Depuis que la «démocratie» a été acceptée comme système de gouvernement en Occident. Tous les gouvernements dans les pays développés sont des variantes du même régime, à savoir l'alternance entre le parti Bandit et le parti Escroc. Ils vont à tour de rôle s'assoir sur le trône pour se remplir les poches et trouver du travail à leurs familles et leurs amis. Certains sont plus discrets et plus subtils que d'autres, mais en bout de ligne, ils sont tous, tous sans exception, des loups pour les moutons qui les ont élus en pensant bêtement que leurs intérêts seraient défendus.

Bernouille reste inconsolable. Je lui explique que c'est à tous les niveaux. D'ailleurs plus le type en position d'autorité est bas placé, plus il veut imposer son arbitraire. Il n'y a pire tyran qu'un gardien de parking, par exemple. Une fois, j'ai eu maille à partir avec une préposée à la mini-bibliothèque qui existait autrefois à la station de métro McGill. J'avais perdu un livre emprunté et j'ai dû payer le prix fort pour le remplacer. Fair enough, ce n'est que justice. Mais voilà: deux jours après avoir payé l'amende, je retrouve le bouquin. Je l'apporte toute fière à la biblio avec mon reçu et je tends le bouquin à la bonne femme en question, à qui je demande qu'on me rembourse l'amende.

- Ah non, dit-elle, on ne rembourse pas les amendes. Vous avez égaré un livre, l'amende sert à son rachat.
- D'accord, mais c'était il y a seulement deux jours. Vous n'avez pas eu le temps de racheter le livre et je viens de vous le remettre. Je veux bien payer une amende pour le retard, mais pas pour le prix du livre.
- Ah oui, c'est ben de valeur, mais Dura Lex Sed Lex.
- Donc, si je comprends bien, votre dura lex c'est de me faire payer un livre qui n'est plus perdu, puisque vous le tenez en main. Vous avez à la fois le beurre et l'argent du beurre?
- Ben oui, désolée. C'est comme ça.

Okaaaay. Je lui fais un beau sourire, et le lendemain je suis revenue emprunter un beau livre d'art que je n'ai jamais rendu. Je l'ai encore chez moi. Il y a eu une ou deux lettres de rappel, que j'ai mises à la poubelle, puis la mini-bibliothèque a fermé ses portes.

Ai-je mal fait? Et comment! Je me suis appropriée quelque chose qui ne m'appartenait pas, j'ai privé les autres lecteurs de la possibilité de lire le livre et j'ai peut-être contribué à la fermeture d'un service public très utile. Est-ce que je regrette ce que j'ai fait? Absolument pas!

Le peuple est complètement impuissant dans une démocratie. On lui fait croire qu'il a le choix, mais choisir entre la peste ou le choléra n'est pas un choix. Les résidents de Mirabel se sont fait prendre leurs terrains pour un aéroport qui est maintenant fermé. Les contribuables de Montréal se sont fait imposer un stade olympique qui était censé être financièrement autonome mais dont ils payent encore le coût. Sans parler du grand parc construit dans une banlieue de Shanghai, pour le bonheur des quelques centaines de Chinois qui l'ont visité. Et que dire de la fusion des municipalités que le gouvernement a enfoncée dans la gorge des citoyens? Démocratie? Je crache dessus! Ptoui!

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates à la lanterne ;
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates on les pendra ;
Et quand on les aura tous pendus,
On leur fichera la pelle au c...

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