J'ai constaté, depuis l'Affaire Jan Wong, qu'il existe au Canada, non pas deux, mais trois solitudes. Je m'explique.
Quand je parle à mes amis pures laines de cette affaire, ils veulent tous que je les rassure en leur confirmant que je ne partage pas l'interprétation de Mme Wong et que je crois sincèrement qu'ils ne sont pas anti-immigrants. Ce que je fais volontiers, parce que je sais qu'ils m'aiment bien et qu'ils n'entretiennent aucune pensée discriminatoire contre une ethnie quelconque (sinon ils ne seraient pas mes amis, voyons donc!).
Mais quand je parle à mes amis immigrants, tous sans exception me font part de leurs expériences, d'incidents où ils ont été victimes de racisme de la part des Québécois de souche. Rien de vraiment criminel, entendons-nous bien. Mais des insultes, des retourne-donc-chez-vous-autres, des remarques désobligeantes, des bousculades [Mon fils le danseur, aux traits asiatiques, a reçu un coup de coude dans les côtes par un vieux monsieur qui l'a ensuite couvert d'injures parce qu'il était avec sa petite amie, blanche, blonde, aux yeux bleus], etc..
Le fait est que, malgré la chaleur de leur accueil et toute leur bonne volonté, la majorité des Blancs québécois restent bloqués par les différences physiques les plus évidentes -- la couleur de la peau, la forme des yeux ou la texture des cheveux -- surtout si ce sont des pures laines tricotées serrées qui n'ont jamais quitté le Québec, sauf pour le hadj traditionnel en France. Avec ma gueule de métèque et mes yeux bridés, quand je vais dans un magasin et que je m'adresse en français à une vendeuse pure laine, elle me répond toujours en anglais. Même si je continue en français, la conversation restera bilingue. Elle comprend mes paroles en français mais ses yeux lui disent: asiatique = anglais, et le cerveau n'arrive pas à résoudre le paradoxe asiatique+français. Donc elle répond en anglais.
La semaine dernière, je vais à un dépanneur près de mon bureau et je demande des langues de chat [Si vous ne savez pas ce que c'est, voir la photo ci-dessous]. La petite caissière me regarde avec des yeux ébahis. Je décide d'aller les chercher moi-même et je reviens ensuite à la caisse pour payer. La caissière regarde la boîte et éclate de rire:
- C'est ça, des langues de chat? Je croyais que tu plaisantais!
- Mais.. euh.. que voulez-vous dire?
- Ben, t'es pas Chinoise, toi?
Heureusement que je n'ai pas demandé un chien chaud.... sinon elle aurait deviné mes origines vietnamiennes!!
Friday, September 29, 2006
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